LES POTIERS GALLO-ROMAINS DE GUEUGNON


"JE M'APPELAIS SATTO"

Je suis un ancien, très ancien gueugnonnais, du temps où la bourgade s'appelait Quininum. Je vivais à l'époque de l'empereur Caracalla. Et j'étais potier .....


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Je fabriquais de la poterie de luxe que les historiens du XXè siècle appelle de la sigillée. Savez-vous pourquoi ? Non ! je laisse à l'archéologue Henri Parriat le soin de vous l'expliquer.

Le mot sigillée désigne, à l'origine, une céramique à glaçure rouge, ornée et façonnée au moule. L'usage a prévalu cependant d'étendre cette appellation aux vases unis présentant la même glaçure caractéristique. C'est donc en définitive cette dernière acception qui définit avant tout la sigillée.

Les moules destinés au façonnage des vases ornés sont en terre peu cuite. Ils portent un décor imprimé en creux avant cuisson à l'aide de poinçons-matrices (sigillum = sceau, petite figure, d'où le terme sigillée).

Pour confectionner un vase, l'ouvrier-mouleur appliquait de l'argile à l'intérieur du moule fixé sur le tour et par pression, l'obligeait à épouser les moindres détails de l'ornementation. La terre poreuse du moule absorbait rapidement l'eau de la pâte ; il se produisait en conséquence un retrait qui permettait le démoulage. La coupe ornée était alors reportée sur le plateau du tour et, après apport d'argile, le potier tournait le pied et la lèvre du vase. Suivaient les opérations de séchage, d'engobage et enfin de cuisson.

Ce procédé du moulage, d'origine italique, introduit en Gaule du Sud d'abord, un peu plus tard dans le centre (à Gueugnon vers la fin du Ier siècle), permettait donc de multiplier les vases à partir d'un seul moule. C'était déjà une production en série, de type industriel même.

four

vase satto

Le four du potier comprenait deux étages : une partie supérieure au-dessus du sol, et une partie inférieure, enterrée. Cet étage inférieur est la chambre de combustion, précédée d'un foyer plus ou moins développé, divisé en deux ou plusieurs alandiers ou couloirs de chauffe par les massifs inférieurs supportant la sole. Au-dessus de celle-ci est la chambre de cuisson ou laboratoire, où on empile la vaisselle à cuire. Les flammes et les gaz de combustion s'engouffrent dans des ouvertures ménagées à travers la sole (évents ou carneaux) et parcourent le laboratoire, l'amenant ainsi que son contenu à la température requise pour la cuisson des vases. Cette technique est dite cuisson directe et convient surtout pour la poterie ordinaire.

Mais les fours destinés à la cuisson de la sigillée étaient un peu différents : ils étaient à feu indirect. Dans cette technique, les flammes et les gaz de combustion n'entrent pas en contact avec les vases à cuire. La chaleur est canalisée par des tuyaux en terre cuite montés sur les évents de la sole et s'élevant verticalement dans le laboratoire jusqu'à la cheminée. C'est la chaleur rayonnée par ces tuyaux qui amènent le laboratoire et les vases qu'il contient à la température de 99 à 1.000° nécessaire à la cuisson de la sigillée.

Le four est en partie enterrée ; le laboratoire seul dépasse le niveau du sol. Inutile de dire que des fours de Gueugnon ne subsiste que l'infrastructure enterrée : les parties aériennes ont été depuis longtemps arasées. Dans les cas les plus favorables, il reste cependant des vestiges de la sole, de son armature de tuiles, et la base de la chambre de cuisson : c'est d'ailleurs suffisant pour deviner la forme en dôme du laboratoire.

Les vases de Gueugnon étaient vendus sur place, mais surtout expédiés grâce à la route qui suivait la vallée et par la rivière d'Arroux qui pouvait emporter la marchandise sur des bateaux à fond plat. Les monnaies trouvées lors des fouilles permettent de savoir que l'officine de potiers de Gueugnon a fonctionné dès le premier siècle et s'est prolongé jusque vers le milieu du IVème siècle.

fouilles

atelier

Moi, Satto, je n'ai pas été le seul potier de Gueugnon. Avant moi, il y avait eu Biracatus et Comitianus qui étaient associés, Mapilus, Pilistrio, et un autre dont j'ai oublié le nom et que les archéologues appellent " le maître à la rosette et au losange ".

Avec moi et après moi, il y a eu Illomarus,Reguliatus, Lupercus, Cinnamus, et bien d'autres encore.

Voilà, vous savez tout sur moi.

 

AVE !

BIRACATUSdroit

COMITIAN-02droit

Reguliatus